
Pour la première fois, le nombre de Québécois abonnés à une plateforme de vidéo sur demande est à la baisse. La croissance exponentielle des dernières années a pris fin en 2022. Faut-il y voir le début d’un déclin ou plutôt une simple stabilisation à la suite du déconfinement ?
« Oui, il y a un effet post-pandémie. Beaucoup de gens se sont abonnés aux plateformes pour passer le temps. Mais il y a aussi l’inflation, qui touche tout le monde. La première chose que les gens vont couper, ce sont les dépenses liées au divertissement. Et ça, ça pourrait être une tendance qui se fera sentir sur quelques années », note Bruno Guglielminetti, porte-parole des enquêtes NETendances à l’Académie de la transformation numérique (ATN).
Selon la dernière enquête de l’ATN, publiée jeudi, 68 % des internautes québécois ont souscrit à au moins une plateforme vidéo payante dans la dernière année. Une légère baisse de 3 % par rapport à 2021.
Netflix reste toujours de loin la plateforme la plus populaire, mais son nombre d’utilisateurs a fléchi. Alors que 57 % des internautes québécois avaient accès à Netflix chez eux en 2021, l’étude démontre qu’ils sont dorénavant 51 %. C’est à peu près le même niveau qu’en 2020 — et toujours beaucoup plus qu’en 2019, avant que la pandémie frappe, cela dit.
« Netflix est le seul perdant de la baisse du nombre d’abonnés. C’est la seule plateforme internationale qui subit des pertes. Toutes les autres gagnent des abonnés. Ça montre qu’il y a une segmentation. La compétition est de plus en plus forte et les gens se promènent d’une plateforme à l’autre. Ils ont compris qu’ils pouvaient se désabonner d’une plateforme et migrer vers une autre. On n’est plus à l’époque pas si lointaine où il n’y avait à peu près que Netflix », souligne Bruno Guglielminetti.
Prime et Disney + en croissance
Selon lui, il ne faudrait toutefois pas surinterpréter ces chiffres et croire que Netflix sera bientôt doublé par l’un de ses concurrents. « Prime Video profite des gens qui sont déjà abonnés à Amazon. Disney attire les familles et joue sur son impressionnant catalogue. Mais aucune des deux ne produit autant de contenus originaux que Netflix. Tant que Netflix produira plus que les autres, elle restera la première plateforme », soutient M. Guglielminetti. Il note du même souffle que le nombre d’abonnés de Netflix à l’échelle mondiale est reparti à la hausse vers la fin de 2022, après un début d’année difficile.
Le taux d’internautes québécois ayant accès à Prime Video est passé de 29 % à 34 % dans la dernière année ; à Disney +, de 18 % à 24 %. En ralliant pour sa part 14 % d’entre eux, Crave réalise un bond impressionnant de 6 % en l’espace d’un an, fort du catalogue de la chaîne américaine HBO.
Le rayonnement d’ICI Tou.tv Extra et du Club illico est cependant en recul, avec des baisses de 1 et de 2 % respectivement. « Ce qui nuit à Tou.tv et à Illico, c’est que les gens savent que les émissions originales qui s’y retrouvent risquent de se retrouver l’année prochaine à Radio-Canada et à TVA », avance M. Guglielminetti.
La télé traditionnelle tient bon
Certes, pour une deuxième année consécutive, on observe que davantage de Québécois sont abonnés à une plateforme payante qu’au câble. Mais grosso modo, on constate surtout que la télé traditionnelle résiste. C’est l’une des conclusions d’une autre étude publiée cette semaine, celle-là par le Fonds des médias du Canada. On y apprend que 81 % des francophones au pays avaient regardé la télévision en direct dans le dernier mois, au moment où ce sondage a été réalisé cet été.
« On a enterré la télévision traditionnelle un certain nombre de fois dans les dernières années. Mais finalement, on est agréablement surpris de voir que les gens y sont finalement plus attachés que l’on croyait. Je pense que c’est une offre qui est complémentaire aux plateformes », évoque Florence Girot, cheffe de la prospective et de l’innovation au Fonds des médias.
« Avec l’inflation, les gens doivent resserrer leur budget et j’ai l’impression que certains vont retourner vers la télévision traditionnelle. Les plateformes ont comme atteint un plateau. Et la courbe ne repartira pas à la hausse tant que la situation économique ne s’améliorera pas », seconde Bruno Guglielminetti, de l’Académie de la transformation numérique.
Selon l’ATN, près du quart des internautes québécois sont aujourd’hui abonnés à trois plateformes ou plus. L’augmentation de la production télévisuelle, dorénavant dispersée sur plusieurs services d’écoute, finit forcément par coûter cher aux consommateurs. En 2019, à peine 4 % des internautes québécois payaient pour au moins trois plateformes.
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Source : Lire l'article complet par Le Devoir